Los « Engleses » a La Guépia a l’Edat Mitjana
Les « Engleses » dans la région de Laguépie au Moyen-Âge
Pendant plusieurs décennies au 14ème siècle, Laguépie et sa région sont au coeur de la guerre de Cents Ans et change plusieurs fois de roi. Cette situation tire son origine au moins deux siècle plus tôt, lorsque Aliénor, duchesse d’Aquitaine et plus importante seigneuresse des pays d’Oc, épouse le roi d’Angleterre d’Henri II.
Les extraits suivants proviennent de l’Opération Al Canton, Sent-Antonin de La Guépia a Casals…, Daniel Loddo & Cristian-Pèire Bedèl, GEMP/ALCOC, 1992
Dès 1345 Saint-Antonin se donne aux Anglais qui y reviennent en 1352 et 1354, avant que la ville ne leur soit cédée par le roi avec tout le Rouergue, en 1362. Jean Chandos (le connétable d’Aquitaine, représentant du roi d’Angleterre en terres occitanes) vint en personne prêter serment « tener e guardar las franquezas e lhas lhibertats de la viala de Sent-Antonin » (d’appliquer et de sauvegarder les franchises, les droits et les coutumes et libertés de la ville de Saint-Antonin).
Les cossols (consuls) de Millau envoient en mars 1353 des hommes d’armes au siège de Saint-Antonin et en juin on leur fournit un équipement :
« Essegon si aquels que partiron d’Amilhau per anar al seti pauzat davan la vila de S(ent) Antoni, en la senescallia de Rozergue, preza e occupada per la part des Engles enemixs de nostre senhor lo Rey de Fransa, per mossenher lo Compte d’Armanhac, luoctenent de nostre senhor lo Rey de Fransa en las partidas de la lenga d’Oc, et era estat cridat publicamen que totas comunias de Rozergue venguesson am armas al dig asseti de S(ent) Antoni per cobrar ladicha vila al Rey nostre senhor ».
Traduction : Ceux-là partiront de Millau pour aller au siège mis devant la ville de Saint Antonin, dans la sénéchallie (ou circonscription) du Rouergue , prise et occupée par les Anglais, ennemis de notre seigneur le Roi de France, par monseigneur le Comte d’Armagnac, lieutenant de notre seigneur le Roi de France dans les régions de la langue d’Oc. Et il a été publiquement annoncé que toutes les communautés du Rouergue viennent en armes au dit siège de Saint-Antonin pour récupérer la dite ville pour le Roi notre seigneur.
Les comptes consulaires de la cité de Rodez se font l’écho des événements de 1354.
« Bailem plus, lo sapde davan la Totz S(ents), que fo lo darrièr dia del mes de octobre, a P.D., per una garnizo quelh avia mesa Moss(enher) W. Nebles, per los adarairachgues que demandava, can fo capitani de la Sieutat, que era pres S(ent) Antoni , escut per… »
Traduction : De plus nous donnons (une somme d’argent), avant la Toussaint qui est le dernier jour du mois d’octobre, à P. D. (quelqu’un ?), pour une garnison qu’avait fournie Monseigneur Guillaume Nebles, pour les boucliers qu’il demandait, quand il était capitaine de la Cité, quand était occupée Saint Antonin… (à la fin du paragraphe apparait la somme d’argent donnée, de façon à ce que les sommes se retrouvent sur une même colonne).
« Bailem plus ad Huc Galtier, a XX dias de may, quel eviavo los senhors vas S(ent) Antoni, per portar letras a la part de lains… »
Traduction : De plus nous donnons (une somme d’argent) à Huc Galtier, le 20 mai, qui verra les seigneurs vers Saint-Antonin, pour leur porter des lettres venant d’ici…
Ces mêmes consuls ruthénois s’inquiètent de la présence des Anglais en 1358-1359 :
« It(em), a Vezia Montes et a Huc Barrieyra que foro tramezes per los senhors cossol de Cieutat e de Borc, lo dia de S(ent) Guirgori, al Puech de la Roqua e a S(ent) Antoni et a Vilfranca per espiar e per saber dels Engles on era i que fazien, e bayliey lor per nosta part… »
Traduction : De même (nous payons) à Vezian Montes et à Huc Barrièira qui furent transmis par les seigneurs consuls de la Cité et du Bourg, le jour de la Saint Grégoire, au Puech de la Roque et à Saint-Antonin et à Villefranche de Rouergue pour espionner et pour savoir des Anglais où ils étaient et ce qu’ils faisaient, et les surveillaient pour notre compte…
Et en 1368-1369, au moment du retour du Rouergue au roi de France, ils manifestent la même inquiétude :
« It(em) lo XX jorn de julh, una spia a S(ent) Antoni e a Caortz per saber de Moss(eher) Joh. Sandos, ont era ni se venia…”
Traduction : Aussi (nous payons) le 20 juillet, une espionne à Saint-Antonin et à Cahors pour savoir de Monseigneur John Chandos où il était et s’il approchait…
En 1381 et 1388 les routiers (mercenaires) Anglais sont encore à Laguépie et à Puèch Roudil.
Imatge : The death of Sir John Chandos at Lussac. Paris, Virgil (illuminator); c. 1410